Moi, geek et méchante

Avant toute chose mettons-nous d’accord : j’aime la technologie, c’est juste que la technologie n’a pas l’air de trop m’aimer.

Je suis incapable de dire quelles sont les caractéristiques de mon pc (ni fixe, ni portable, ni l’autre portable… car oui bizarrement j’en ai trois, tous indispensables bien sûr). Je tiens par contre à ce que les couleurs de ma souris, de mon micro-casque et des touches lumineuses de mon clavier soient parfaitement harmonisées. Je n’ai jamais eu un iPhone ni un autre Galaxy de ma vie et depuis quelques années je trimballe mon dinosaure de téléphone avec écran tactile qui ne me sert qu’à téléphoner (eh oui !), même écrire des SMS ça me gave… ou m’apporte des bleus sur le front quand je rencontre un poteau sur mon chemin alors que je tente une petite rédaction. Enfin, quand je reçois une lettre par courrier au lieu d’un e-mail ou autre message rapide sur Facebook, j’ai une larme à l’œil tellement ça me touche. Et oui, je fais partie de ceux qui envoient encore des cartes postales en papier, par la poste, de mes vacances.

Mais alors, comment ça se fait que je m’auto-proclame geek avec tous ces symptômes graves d’une techno-phobie aiguë…?

Pour moi, être geek ne se résume pas à la mention « envoyé de mon iPhone » en bas de chaque e-mail que je compose, ni au score obtenu aux mini-jeux comme Candy Crush qui pourrissent avec excellence le fil d’actualité de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux. Ce n’est pas non plus le fait d’acheter un costume tout prêt d’un personnage d’un univers ultra-connu de jeux-vidéo, de film, de manga etc. sans même être capable de prononcer son nom correctement, sans même parler de son histoire et de son rôle, tant que la tenue parfois très légère va et permet d’avoir des centaines de j’aime ou autres cœurs grâce aux photos. NON.

Un geek, un vrai, c’est surtout un état d’esprit.

Une passion qui peut prendre plusieurs formes certes, entre informatique et ses horizons flous et obscurs, comics, BD, manga, anime, heroic fantasy, science fiction, steampunk, jeux plateau, GN, jeux PC, jeux console, RPG, MMORPG, cosplay et j’en passe… Ce serait vraiment moche de réduire tout ça à la possession d’un smartphone, non ? Je ne dis pas que la technologie n’a rien à voir là-dedans, bien au contraire ; cette dernière a permis un développement impressionnant et une facilité d’accès au plus grand nombre d’entre nous. Je tiens simplement à préciser que la geek-attitude peut prendre d’innombrables formes et derrière chacune d’entre elles, il y a des gens – garçon comme fille – qui font des trucs de malade.

Le meilleur moyen de se rendre compte de l’immensité de l’univers geek et de projets incroyables qui voient ainsi le jour dans ces domaines…? Le Web bien sûr, vous me direz. Pas faux, la communauté est énorme et chacun peut trouver son bonheur sur des sites spécialisés, des blogs, des forums, des vlogs et des podcasts. Les geeks adorent sans contestation le monde virtuel ; mais aussi étrange que cela puisse paraître pour certains, ils aiment encore davantage les rencontres IRL ! L’image d’un individu boutonneux doté d’une peau rivalisant avec celle des vampires tellement il ne quitte jamais sa chambre, asocial, mal-aimé et incompris par le monde entier, c’est fini. Les salons et les festivals dédiés à ces thématiques sont des rassemblements géants de bonne humeur et des yeux qui brillent d’émerveillement devant le moindre stand, la moindre animation, le moindre tribut aux mondes imaginaires qui font chavirer leurs cœurs. Pas de violence, pas de bagarre débile comme ça peut être le cas lors d’autres manifestations, les geeks échangent et découvrent de nouveaux aspects de tous ces univers, tout en passant d’excellents moments avec des inconnus qui, grâce aux passions en commun, deviennent parfois de futurs compagnons de jeu voire même des amis.

Et moi alors dans tout ça…?

Ma toute première convention geek : Japan Expo 2011.
Ma toute première convention geek : Japan Expo 2011.

Quand j’étais gosse, je jouais comme tout le monde à Mario, j’avais ma ridicule console portable de Tetris achetée au bazar du coin et je suivais ébahie les aventures de Sailor Moon et de Son Goku. Tout mon argent de poche restait dans les bacs de la salle d’arcade où on jouait avec mes cousins à Mortal Kombat en cachette – trop violent qu’ils disaient nos parents, trop de corps démembrés volant dans tous les sens… N’empêche à l’époque une après-midi à se bastonner ainsi en mâchant religieusement un bâtonnet de sorbet, c’était le pied. Ma première visite d’un jardin traditionnel japonais à l’âge d’environ 12 ans (de lointains souvenirs, ah la jeunesse…!) m’a ouvert les yeux sur la culture asiatique qui m’a tout de suite fasciné par son exotisme. De là, un peu par effet boule de neige au fil de nouvelles rencontres et de nouvelles découvertes grâce aux associations et au développement de l’Internet, je suis peu à peu devenue de plus en plus accro.

De fait, sans même le savoir, je geekais déjà en tant qu’enfant, c’est juste que le terme « geek » m’était inconnu jusque pratiquement la fin de mon adolescence. Et, au fil des années, bah c’est cette fichue technologie qui a permis à ma passion de grandir et qui m’a amenée à écrire ces paroles aujourd’hui.

Je devrais peut-être songer à changer mon vieux téléphone après tout…